lundi 15 novembre 2010

Un manga pour détourner les jeunes de la cigarette

Mardi 16 novembre, les jeunes de 14 à 20 ans pourront découvrir la nouvelle campagne de l'Institut national de prévention et d'éducation à la santé qui leur est destinée. Pour "dénormaliser" la cigarette auprès de cette population, l'amener à résister à l'envie de tester et dénoncer la manipulation opérée par l'industrie du tabac, l'Inpes a choisi de lancer sur Internet un film d'une dizaine de minutes reprenant les codes du manga.
"Même si plusieurs enquêtes ont montré une baisse importante en France des prévalences tabagiques parmi les jeunes depuis la fin des années 1990, les études montrent qu'un tabagisme dur, de plus de 10 cigarettes par jour, persiste parmi les collégiens et les lycéens", regrette la directrice générale de l'Inpes, Thanh Le Luong. Or, il est maintenant admis que "la précocité de l'expérimentation" est un facteur important pour l'installation durable dans la consommation et la dépendance.

Marketing

Les résultats de la dernière enquête nationale menée auprès des collégiens montrent que tout se joue entre 11 et 15 ans ; l'expérimentation passe de 8 % à 11 ans à 55 % à 15 ans et l'usage quotidien, quasi inexistant à 11 ans, atteint 18 % à 15 ans. Si les garçons sont plus précoces que les filles pour l'expérimentation (à 11 ans, 10 % ont déjà essayé de fumer contre 5 % des filles), l'écart se resserre avec l'âge pour être très faible à 15 ans sur l'usage quotidien. C'est pourquoi le fait de retarder l'âge de l'expérimentation reste "un objectif majeur de santé publique" auprès des jeunes. L'autre grand enjeu de la lutte contre le tabagisme des ados réside dans la prise de conscience des risques encourus. En effet, l'apparition tardive des premières conséquences sanitaires du tabagisme rend une partie des avertissements et des messages de prévention inefficaces auprès des jeunes publics pour qui les conséquences se profilent à trop long terme et qui, en quelque sorte, se sentent "immortels".
C'est pourquoi l'industrie du tabac a tout intérêt à miser sur cette cible. Pour Karine Gallopel-Morvan, maître de conférences en marketing à l'université de Rennes, c'est donc tout logiquement que les produits sont conçus pour plaire aux jeunes, notamment en véhiculant des messages qui les touchent, comme la liberté, l'émancipation, l'intégration sociale, et en réussissant à faire de la publicité malgré les réglementations.

Valeurs positives

Pour sa nouvelle campagne, l'Inpes a donc choisi les mangas, précisant que la France est un des plus gros consommateurs de ce type d'animations au monde, après le Japon et devant les États-Unis. D'autre part, son univers se prête particulièrement bien au message appelant à résister contre le tabac puisque le manga met traditionnellement en scène des héros qui portent des valeurs positives et se battent dans des univers où bien et mal se confrontent de manière métaphorique.
Le film, accessible mardi sur le site www.attraction-lemanga.fr, montre des adolescents qui perdent le contrôle d'eux-mêmes quand ils pénètrent dans un lieu symbolisant l'industrie du tabac. L'internaute incarnera successivement les trois héros et devra faire des choix pour libérer les autres de l'état d'hypnose dans lequel ils sont plongés. "Le décor et l'ambiance symbolisent le monde auquel souhaitent accéder les jeunes en fumant leur première cigarette, mais les trois héros sauront déjouer les pièges du patron de l'établissement en refusant la cigarette qui leur est proposée, et révèleront l'envers du décor", espère la directrice générale de l'Inpes.


Source: http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/anne-jeanblanc/un-manga-pour-detourner-les-jeunes-de-la-cigarette-15-11-2010-1262355_57.php

samedi 13 novembre 2010

Tabac La hausse des prix en France ne fait que renforcer les achats transfrontaliers


L’augmentation de 6 % du prix des cigarettes en France ne va guère réduire le nombre de fumeurs mais renforcer les achats en Allemagne où l’écart de prix se creuse.
« Les prix ont encore augmenté en France, je le remarque », se réjouit Erol, le gérant turc du bureau de tabac installé dans la rue principale de Neuenburg, cité frontalière badoise en face de Chalampé.
Les Français représentent plus de 80 % de ses clients. Ils ne se déplacent pas seulement pour un paquet mais repartent souvent avec cinq cartouches de cigarettes (soit 1 kg de tabac) le montant autorisé en franchise douanière au sein de l’Union européenne, Véritable « caverne d’Ali Tabac », son magasin est ouvert 14 heures par jour et sept jours sur sept. « Je ne touche qu’une faible marge, 2 % du prix de vente », fait-il semblant de se lamenter. Comme dans les autres villes frontalières, à Weil, Breisach et Kehl, les buralistes allemands bénéficient d’un afflux grandissant d’acheteurs français, car la France a deux hausses (en novembre 2009 et novembre 2010) de 30 centimes par paquet d’avance sur le prix des cigarettes en Allemagne qui n’a pas augmenté depuis juillet 2009.
La nouvelle hausse de 6 % intervenue hier, en France, porte le prix du paquet le plus vendu (la célèbre marque américaine commençant par M) de 5,60 € à 5,90 €, soit 29,5 centimes l’unité. Ainsi une cartouche de dix paquets coûte désormais 59 € en France contre 47 € en Allemagne. Mais cette comparaison est faussée : en Allemagne, il n’y a que 19 cigarettes par paquet vendu 4,70 euros, ce qui met le prix de l’unité à 24,74 centimes, soit 4,94 € pour l’équivalent du paquet de 20 cigarettes chez nous. L’écart de prix réel s’élève donc à 96 centimes par paquet.
Cet écart devrait se réduire avec la hausse des prix en Allemagne programmée pour le 1 er mai 2011 et qui devrait s’élever à 10 centimes environ. En dépit de l’engagement de ne pas procéder à des hausses d’impôts, le gouvernement allemand se trouve contraint à recourir à la taxe sur le tabac pour combler les trous de son budget.
En Allemagne, la consommation de cigarettes a baissé de 145 milliards de cigarettes en 2002 à 86,6 milliards en 2009. Les fumeurs allemands ne sont pas devenus massivement vertueux, mais se sont mis à fumer davantage de tabac à rouler. Cela n’a pas échappé au ministre des Finances Wolfgang Schäuble : le prix du paquet de tabac à rouler va augmenter de 45 centimes en Allemagne. Cela risque de donner des idées à son homologue français.
Deux mois de salaire au SMIC par an
En Suisse le prix du paquet de référence s’élève actuellement à 7,20 francs suisses, soit 5,33 € au cours actuel de la devise helvétique (contre 5,90 € en France). Une hausse de 20 centimes par paquet interviendra le 1 er janvier 2011 en Suisse, ce qui portera le prix du paquet à 7,40 francs suisses, soit 5,48 € toujours au cours actuel du franc suisse dont la hausse par rapport à l’euro s’est atténuée (+8,70 % par rapport au 1 er janvier 2010). En Suisse, la précédente hausse (de 30 centimes) remonte à 2008.
La hausse du prix des cigarettes touche surtout les fumeurs aux revenus modestes, qui ne paient généralement pas ou peu d’impôts sur le revenu mais qui contribuent lourdement, via cette taxe, à la consolidation du budget de l’État. À raison d’un paquet par jour, la dépense mensuelle se chiffre à 177 € et on arrive à 2 153 € par an, soit l’équivalent de deux mois de salaire payés au Smic.
Si on avait encore les francs, il faudrait débourser aujourd’hui 38,69 francs pour un paquet de 20 cigarettes, soit 1,93 franc par cigarette. Cela fait beaucoup d’argent qui part en fumée et tombe dans les caisses de l’État.


vendredi 12 novembre 2010

Démantèlement du plus grand réseau de contrefaçon de cigarettes de l’histoire en Espagne

La plus grande opération jamais menée en Espagne contre la contrefaçon de produits du tabac a débouché sur la saisie de 90 millions de cigarettes contrefaites et l’arrestation de six personnes.

Dans cette enquête, l’Office européen de lutte antifraude (OLAF) a travaillé en étroite collaboration avec la douane espagnole pour démanteler l’un des plus grands réseaux de contrefaçon de cigarettes d’Europe et éviter la perte de 10 millions d’euros de recettes fiscales.

Les autorités douanières espagnoles ont lancé l’opération BALMAN en février 2010 lorsque des renseignements sur des importations suspectes en provenance de Chine lui ont été transmis par l’OLAF. Des échanges d’informations rapides et précis entre l’OLAF et les autorités nationales ont permis aux enquêteurs de suivre à la trace des conteneurs de cigarettes de contrefaçon depuis la Chine jusqu’à des ports sur la côte est de l’Espagne, où elles étaient injectées sur le marché clandestin.

Le 20 octobre 2010, six hommes ont été arrêtés dans le cadre de l’enquête à l’issue de perquisitions menées dans des maisons et des entreprises à Alicante, Valence, Barcelone, Tarragone et Badajoz. Il s’agissait de ressortissants chinois, polonais et espagnols, qui ont tous été inculpés de contrebande.

Ils pourraient également se voir reprocher des faits de blanchiment d’argent et d’atteinte aux droits de propriété intellectuelle. L’instruction se poursuit, puisque les enquêteurs analysent actuellement les documents et les ordinateurs saisis lors des perquisitions. L’OLAF continuera à fournir les informations et les ressources nécessaires pour aider les autorités espagnoles dans leurs investigations.

On assiste à une augmentation du commerce illégal de produits du tabac en Espagne et dans le reste de l’Europe depuis le début de la crise économique en 2008. Les contrebandiers n’ont en effet pas tardé à exploiter la demande en produits du tabac bon marché et à tirer d’énormes profits de la contrefaçon de cigarettes: si en Chine, un conteneur se vend environ 100 000 euros, son prix peut atteindre plus d’un million d’euros en Europe. La Commission européenne a conclu des accords de coopération avec quatre des plus grands fabricants de cigarettes au monde en vue de s’attaquer à ce commerce illégal. L’OLAF renforce également sa coopération avec les autorités nationales afin d’éradiquer une activité commerciale illégale qui coûte chaque année environ 10 milliards d’euros aux contribuables européens et alimente le marché avec des produits non contrôlés et de qualité inférieure aux normes.

Source: http://www.fenetreeurope.com/php/page.php?section=actu&id=19433

jeudi 11 novembre 2010

Avertissements sur les paquets de cigarettes: le gouvernement fédéral encore critiqué


MONTRÉAL — Les groupes de défense pour les non-fumeurs viennent d’obtenir un appui de taille, avec l’éditorial du journal de l’Association médicale canadienne publié lundi, qui dénonce l’inaction du gouvernement fédéral pour le renouvellement des avertissements de santé sur les paquets de cigarettes.
Études à l’appui, la publication démontre que les avertissements de santé sur les paquets de cigarettes perdent de leur efficacité avec le temps, mais qu’ils ont malgré tout encore un véritable impact sur la population.
«Après la télévision, les étiquettes sont les plus importantes sources d’informations pour les fumeurs et non-fumeurs concernant les conséquences néfastes sur la santé du tabagisme», peut-on lire dans le journal de l’Association médicale canadienne.
De plus, le journal mentionne que le Canada aurait une longueur d’avance sur les États-Unis ou le Royaume-Uni, puisque la sensibilisation aux méfaits du tabagisme serait deux fois plus présente auprès des Canadiens.

Compagnies de tabac dans la mire

Le président de l’Association pour les droits des non-fumeurs, François Damphousse, croit que l’industrie du tabac a joué un rôle dans la décision d’Ottawa. «L’Association médicale canadienne est une autorité en terme de santé au Canada et ils ont critiqué le gouvernement. On soupçonne que l’industrie du tabac a influencé le gouvernement fédéral, qui ne se préoccupe plus du marché légal, qui occupe 70% du marché», a dit M. Damphousse.
«En dix ans, les compagnies de tabac ont changé la conception graphique pour une même marque, afin que leur produit soit plus attrayant. La politique pour les avertissements n’occasionne aucun coût. Pourquoi on ne le fait pas?», a-t-il questionné.
L’Association rappelle qu’après avoir lancé ses étiquettes sur les paquets de cigarettes, il y a dix ans, le gouvernement a suspendu le projet de changer les graphiques et d’indiquer le numéro sans frais pour une ligne anti-tabagisme pour se consacrer à la contrebande de cigarettes.
La Société canadienne du cancer a dénoncé, le 2 novembre dernier, l’inaction du gouvernement dans le dossier du tabac. Elle a adressé trois demandes au gouvernement provincial, dont l’une visant à empêcher l’industrie du tabac de trouver de nouveaux moyens pour séduire les jeunes.


USA: bientôt de nouvelles mises en garde sur les paquets de cigarettes

WASHINGTON - De nouveaux messages d'avertissements, dont des images en couleur, vont être imprimés sur les paquets de cigarettes aux Etats-Unis pour prévenir les fumeurs des dangers du tabac sur la santé, a annoncé mercredi l'agence de régulation des médicaments, la FDA.
La FDA, qui a recueilli les suggestions des Américains, va choisir "neuf nouveaux messages d'avertissements, plus grands et plus visibles avec des images en couleur dépeignant les effets négatifs du tabac sur la santé", a indiqué l'agence.
Sur son site internet, la FDA propose une série de 36 images et photos parmi lesquelles les internautes sont appelés jusqu'au 9 janvier à en choisir neuf qui figureront sur les paquets de cigarettes.
L'une de ces photos montre un homme très maigre, allongé dans un lit, visiblement atteint d'un cancer en phase terminale. La mention "Les cigarettes provoquent le cancer" occupe un bon quart du paquet de cigarettes.
Une autre illustration est un dessin qui dépeint un avant-bras dans lequel un personnage s'injecte une cigarette comme s'il s'agissait d'une seringue. Lui est accolée la mention "Les cigarettes créent une dépendance".
D'ici octobre 2012, les nouveaux avertissements seront obligatoires sur tous les paquets de cigarettes aux Etats-unis ainsi que sur les publicités.
"Quand cette règle prendra effet, les conséquences du tabagisme seront évidentes chaque fois que quelqu'un saisira un paquet de cigarettes", a indiqué la commissaire à la FDA, Margaret Hamburg.
Actuellement, l'avis de mise en garde sur les paquets de cigarettes aux Etats-Unis est imprimé en très petits caractères, sur le côté. "La fumée de cigarette contient du monoxyde de carbone", est-il indiqué.
Pas moins de 443.000 personnes meurent chaque année aux Etats-Unis des conséquences du tabagisme.
Selon les Centres de contrôle des maladies (CDC), environ un Américain sur cinq fume.
(©AFP / 10 novembre 2010 21h08)

mercredi 10 novembre 2010

Pourquoi le cancer recule depuis 20 ans


La baisse de mortalité par cancer s'accélère depuis 20 ans, tout en restant la première cause de mortalité chez l'homme et la deuxième chez la femme. 71 % des décès par cancer visent les plus de 65 ans. C'est ce que révèle une étude de l'Institut national du cancer publiée hier.
ertes, la bataille contre le cancer est loin d'être gagnée, mais chaque jour confirme l'espoir de mieux combattre ce fléau qui tue chaque année 148 000 personnes. Le dernier rapport de l'Institut national du cancer « Dynamique d'évolution des taux de mortalité des principaux cancers en France », confirme un net recul de la maladie ces vingt dernières années, à une exception près, cependant : le cancer du poumon en hausse chez la femme jusqu'alors relativement épargnée par le phénomène tabagique.
Par ses résultats, l'Institut national du cancer permet largement d'espérer. L'amélioration de la prise en charge des malades, l'évolution des traitements, la dynamique des politiques publiques à travers notamment les deux plans Cancer, ont fait reculer la mortalité. Entre 1987 et 2007, le taux masculin de cancer a diminué de 22 %, passant de 208,7 à 162,6 décès pour 100 000 hommes, avec aussi une nette accélération de la baisse sur les dix dernières années. Quant au taux de cancer chez la femme, il a baissé de 14 %, passant de 92,8 à 79,9 décès pour 100 000 femmes. C'est justement la poussée des cancers du poumon qui vient relativiser la tendance. Jusqu'alors, les femmes avaient un taux de mortalité par cancer inférieur de moitié à celui des hommes car elles étaient justement moins exposées aux facteurs de risque comme l'alcool et le tabac. Alors, quels sont les types de maladie qui semblent le mieux combattus ? Il s'agit de deux localisations masculines justement liées au tabac et à l'alcool : le cancer de l'ensemble « lèvre, bouche, pharynx » et le cancer de l'œsophage dont les taux de mortalité ont carrément fléchi de moitié en vingt ans. Les baisses ont été remarquables également au cours de cette décennie pour ce qui concerne le cancer de la prostate et le cancer du côlon-rectum. Les cancers du sein chez la femme et le cancer du poumon chez l'homme marquent aussi légèrement le pas.
Mais à l'inverse de ces situations favorables, c'est bien l'évolution du cancer du poumon chez la femme qui reste la plus impressionnante. Près de 110 %. Un chiffre effrayant qui a d'ores et déjà alerté les pouvoirs publics.

Les femmes à leur tour victimes

Henri Roché, oncologue médical à l'Institut Claudius Régaud.
Pourquoi le cancer du poumon augmente-t-il autant chez la femme ?
On aurait pu prendre les mêmes statistiques il y a dix ans aux États-Unis où les habitudes de consommation du tabac chez les femmes ont été plus précoces. Mais les conséquences sont rigoureusement identiques en terme de maladie. Outre-Atlantique, on comptabilise maintenant autant de femmes qui décèdent d'un cancer du poumon que d'un cancer du sein. Ce dernier a pourtant été longtemps la première cause de mortalité chez les femmes.
Ce phénomène tabagique concerne des femmes de plus en plus jeunes ?
C'est le cas aux États-Unis, c'est aussi le cas en France, alors qu'on assiste chez les hommes à un phénomène inverse puisque la consommation de tabac semble reculer avec l'âge. Pour les personnes de sexe masculin, il y a incontestablement un mieux. Mais maintenant, les courbes du cancer chez les femmes ressemblent à ce qu'on voyait chez les hommes voilà 20 ou 30 ans. Nous ne sommes pas au bout de nos peines. Seul un changement d'habitude permettra d'espérer une inversion de la courbe dans quinze ou vingt ans.
Depuis quand les femmes fument-elles plus ?
Une consommation accrue s'est observée après 1968, lorsque l'autonomie de la femme, le monde du travail… s'est manifestée malheureusement aussi par la mauvaise habitude de fumer.
C e phénomène concerne-t-il le Grand Sud et Midi-Pyrénées en particulier ?
L'ensemble de l'Hexagone est concerné, avec cette particularité tout de même que l'espérance de vie en Midi-Pyrénées est une des plus fortes de France. On vit ici plus vieux qu'ailleurs et on y observe moins de cancers. Cette espérance de vie est peut-être liée à la qualité de notre environnement et à la présence d'un tissu médical plus dense. Cependant, à l'intérieur même de cette maladie, la proportion de tel ou tel cancer reste identique avec ce qu'on peut noter dans le reste de l'Hexagone.

Le chiffre : 146 800
Sur cent gros fumeurs, vingt risquent de développer un cancer du poumon. Les « 20 paquets année » (un paquet par jour pendant 20 ans ou deux paquets par jour pendant 10 ans) sont responsables de 85 % des cancers bronchiques et de 60 à 87 % des cancers des voies aéro-digestives supérieurs (langue larynx, pharynx…). C'est ce que rappelle dans son dernier ouvrage Henri Joyeux, chirurgien cancérologue.
Comment conjurer les terribles conséquences du tabac ? Henri Joyeux commence par édicter des règles simples opposables à tous dans la vie et au quotidien : ne pas dépasser deux cigarettes par jour, refuser le tabagisme passif en voiture, au travail ; choisir si possible de vivre hors des zones et villes polluées, s'astreindre à une gymnastique respiratoire matin et soir, tousser pour expectorer, éviter les excès médicamenteux…
Les hausses successives du prix du tabac ont-elles une incidence sur la consommation ? « Certes, ça joue un peu mais on n'empêche pas quelqu'un qui a envie. Le prix, ce n'est pas une contrainte, c'est une obligation. Il y a des moyens détournés de s'en procurer quand on connaît le trafic avec l'Espagne et l'Andorre », rappelait, hier encore, l'oncologue Henri Roché.
« Guérir enfin du cancer » (1) paru aux éditions du Rocher.

L'amertume, une piste pour traiter l'asthme

Des récepteurs du goût amer ont été identifiés dans les poumons. Contre toute attente, leur activation a un effet dilatateur.

L'asthme et la broncho-pneumopathie chronique obstructive touchent près de six millions de personnes en France. Cette dernière est la cinquième cause de mortalité mondiale, le premier facteur de risque étant le tabagisme. Dans ces maladies, l'obstruction progressive des bronches entraîne de graves difficultés respiratoires. Elle est provoquée, notamment dans l'asthme, par une contraction excessive des muscles lisses des bronches.
On savait que les récepteurs localisés à la surface de ces muscles lisses (de la famille des récepteurs couplés aux protéines G) commandent la contraction et la relaxation des voies respiratoires lorsqu'ils sont activés. Un dysfonctionnement de ces récepteurs peut être à l'origine des maladies respiratoires, ce qui a poussé le pneumologue Stephen Liggett et ses collègues, de l'Université du Maryland à Baltimore, aux États-Unis, à les étudier plus en détail. Ils ont identifié chez l'homme une nouvelle famille de récepteurs localisés sur les muscles lisses des bronches, et ont étudié leur rôle.
De façon étonnante, ces récepteurs pulmonaires sont identiques aux récepteurs du goût amer sur la langue. Les récepteurs TAS2R impliqués dans la reconnaissance de l'amertume sont de grosses protéines liées à la membrane de cellules gustatives situées dans les bourgeons de la langue. On suppose qu'ils ont été sélectionnés au cours de l'évolution pour empêcher les mammifères de consommer des substances toxiques, souvent amères. S. Liggett et son équipe ont donc supposé que les récepteurs du goût amer détectés dans les bronches ont été sélectionnés pour des raisons similaires : un individu qui inhalerait une substance amère ne pourrait plus respirer correctement et devrait fuir son environnement. L'activation des récepteurs entraînerait une bronchoconstriction, identique à celle observée lors d'une crise d'asthme.
Pour tester leur hypothèse, les chercheurs ont cultivé des cellules de muscles lisses de poumon humain et les ont exposées à trois substances amères : la saccharine, la chloroquine et le dénatonium (un composé utilisé comme répulsif pour prévenir l'ingestion accidentelle de produits ménagers.) Ils ont suivi l'évolution dans le temps de la concentration intracellulaire en ions calcium Ca2+, un bon indicateur de l'amplitude de contraction des muscles lisses. Les concentrations en calcium mesurées sont élevées, ce qui suggère une forte contraction.
Pour autant, les substances amères entraînent-elles une contraction des muscles lisses des bronches ? Les chercheurs les ont testées sur des prélévements de trachée contenant des faisceaux de cellules musculaires lisses. Au lieu du rétrécissement attendu, les trois molécules amères provoquent une dilatation profonde de la trachée ! En outre, la dilatation est plus importante que celle qui est obtenue avec des bronchodilatateurs classiques utilisés dans le traitement de l'asthme (l'albutérol, par exemple).
Ce résultat contre-intuitif a été confirmé sur des modèles de souris rendues sensibles à l'ovalbumine, une molécule qui provoque une inflammation des voies respiratoires. Lorsqu'on fait inhaler à ces souris de la quinine, une molécule très amère utilisée notamment dans le traitement du paludisme, leurs voies respiratoires se relâchent et la bronchoconstriction diminue. Au vu des concentrations en ions calcium mesurées, on s'attendait à une contraction des voies respiratoires ; c'est pourtant l'inverse qui se produit. Pourquoi ? Selon les chercheurs, les ions calcium activeraient également des canaux ioniques (au potassium) situés sur la membrane des cellules des muscles lisses, qui auraient pour effet de les relaxer.
Ces résultats offrent des perspectives de développement de nouveaux médicaments, à base de molécules amères, pour traiter l'asthme et la bronchite chronique.